Et si 2022 signait l’arrivée d’un numérique plus responsable ?

Et si 2022 signait l’arrivée d’un numérique plus responsable ?

Le 15 novembre 2021 la loi REEN est adoptéeComprenez la loi pour “Réduire l’empreinte environnementale du numérique” en France. Mais qu’y a-t-il donc dans cette loi ? Quelles sont les axes d’améliorations pour les acteurs Français, afin de développer le numérique de demain, plus propre, plus responsable, plus éthique ?  

Numérique responsable, kezako ? 

Le numérique responsable est le numérique qui limite son impact négatif sur l’environnement et la société, sans réduire la croissance des usages des consommateurs. Il a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de limiter la consommation d’énergie et d’eau, et de contrôler l’épuisement des ressources naturelles non renouvelablesou ressources abiotiques (minerai, énergies fossiles, etc…dans les processus de fabrication des terminauxFrédéric Bordage, Fondateur du mouvement Green IT, rappelle que le numérique est une ressource critique, non renouvelable, qui s’épuise inéluctablement. Au rythme actuel, cette ressource sera épuisée dans trente ans”. 

Pourquoi une loi sur le numérique responsable ?  

Avant de détailler cette loi, rappelons l’impact du numérique sur l’environnement au niveau mondial : 

  • Parts des impacts environnementaux du numérique : 47% pour les terminaux numériques, 28% pour les infrastructures réseaux et 25% pour les data centers ;
  • L’impact environnemental est plus important lors de la phase de construction des terminaux (75%) que lors de la phase d’utilisation (25%). Pour en savoir plus, retrouvez l’infographie de l’ADEME (2019). 
  • 17% des composants électroniques sont correctement traités = plus de 80% des terminaux sont non recyclés.
  • Le numérique génère près de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde avec une prévision de 8% d’ici 2025.
  • On dénombre plus de 34 milliards de terminaux dans le monde
  • L’empreinte annuelle d’un internaute est de 368 kWh d’électricité, 364 kg de C02 et près de 2000 litres d’eau douce.

La loi REEN : trois volets pour une sobriété numérique 

La loi REEN permet de cadrer un certain nombre d’objectifs en France, afin d’offrir un numérique plus responsable. On peut aussi parler de sobriété numérique :  

  • Sensibiliser à l’impact environnemental du numérique 
  • Limiter le renouvellement des terminaux  
  • Favoriser les services numériques responsables 

Il est donc primordial de former, dès les parcours académiques, à l’impact du numérique sur l’environnement. Des formations, comme l’atelier de la Fresque du numérique, devront aussi être menées dans les entreprises et les administrations publiques afin de permettre la montée en compétences des acteurs.  

En ce qui concerne la volonté de réduire la surconsommation de nouveaux terminaux, grâce à la loi REEN, il est maintenant interdit de bloquer la restauration d’un produit réparé ou re-conditionné. De plus, passé deux ans, le consommateur doit pouvoir installer les logiciels et systèmes d’exploitation de son choix, quelle que soit la marque de son appareil. Finie l’obsolescence programmée ! 

Enfin, comme pour l’accessibilité numérique avec le RGAA4, il existe un référentiel général d’éco-conception des services numériques (RGESN). Ce référentiel fixe des critères de conception durables des services numériques (pour en savoir plus sur ce référentiel). A date, il n’y a malheureusement aucune obligation de le respecter et donc aucune sanction en cas de non-respect. 

La loi REEN permet donc d’instaurer un réel cadre méthodologique pour les services publics et les entreprises qui veulent se lancer (ou continuer) sur ce chantier colossal qu’est le numérique responsable. Cependant, cette loi est insuffisante. Il faut repenser les usages et les habitudes de consommation en se posant les bonnes questions.  

En tant qu’individu, ai-je vraiment besoin de toutes ces applications sur mon smartphone ? Ai-je vraiment besoin d’acheter ce nouveau smartphone ?  

Et en tant qu’entreprise, je peux aller encore plus loin, et choisir d’intégrer les objectifs de développement durable de l’ONU à mes trajectoires stratégiques et business, en menant un atelier impact design en amont de mes projets pour connaître les potentiels impacts négatifs de ces derniers. Je peux aussi tenter de connaître l’impact des solutions que je développe et ainsi choisir des méthodologies de développement moins énergivores à l’usage, pour limiter la consommation d’énergie des datas centers.  

Le développement des futures applications métiers web et autres services numériques doit viser la sobriété : chaque fonctionnalité doit être réfléchie et apporter une réelle valeur à l’utilisateur. Il est aussi nécessaire de respecter les bonnes pratiques d’éco-conception. 

Enfin, je peux m’astreindre au respect (bien que non obligatoire) de cette loi en achetant 100% de mon matériel re-conditionné.  

Autant d’engagements collectifs à prendre, car ensemble, on va plus loin !  

Yves-Marie LE BIHAN
Yves-Marie LE BIHAN

Related articles

Data ESG : Contrainte ou Eldorado ? Retour sur notre table ronde
4 mins
Tendances
Data ESG : Contrainte ou Eldorado ? Retour sur notre table ronde
Checklist pour les CEO pour Déployer l'IA Générative dans les Compagnies d'Assurance
3 mins
Tendances
Checklist pour les CEO pour Déployer l'IA Générative dans les Compagnies d'Assurance
Exploiter l'IA pour un Avenir Durable : Une Feuille de Route pour les Entreprises et les Gouvernements
5 mins
Tendances
Exploiter l'IA pour un Avenir Durable : Une Feuille de Route pour les Entreprises et les Gouvernements

Button / CloseCreated with Sketch.